Lors du rappel à DIEU du Serviteur du Prophète, le 19 juillet 1927, Cheikh Mouhamadou Moustapha
fit une fois de plus montre de ses vertus de lucidité et de tempérance, après avoir personnellement
constaté le décès, en organisant dans une discrétion absolue son inhumation à Touba, selon les
voeux du disparu.
Après sa désignation le 25 juillet 1927, le premier Calife du assurer la relève en s’attelant
particulièrement à la construction de la Mosquée de Touba; projet qui tenait réellement Cheikh
Ahmadou Bamba à coeur. Malgré des débuts marqués par des difficultés de tous ordres, dont la
plus dure fut assurément l’opposition de nombre de dignitaires de la Communauté à son califat,
Cheikh Moustapha s’avéra rapidement être un Calife de grande intelligence soutenue par une
vaste culture et une conformité sans faille aux enseignements du Cheikh se traduisant notamment
par un courage, une dignité et une générosité qui resteront légendaires.
C’est lui qui, à la disparition de leur père, s’était chargé de l’éducation de presque tous ses frères
et soeurs. Beaucoup d’entre eux vécurent avec lui et le Calife n’épargna, selon les témoignages
de ses frères mêmes, aucun effort pour leur bien-être allant même jusqu’à leur désigner, une fois
devenus adultes, leur premier lieu d’installation en ne manquant jamais de leur fournir l’aide
matérielle nécessaire aux premiers pas dans la vie. Ce fut également un excellent administrateur,
un authentique homme de terrain. En 1928, il obtint l’immatriculation d’un terrain de 400 hectares
sis à Touba et demanda, au début de 1929, l’autorisation de reprendre la construction de la
Mosquée dont l’irresponsabilité et la cupidité de l’Administrateur Occidental désigné avaient mis
les travaux en cause. A l’issue d’un long procès à rebondissements dans les tribunaux parisiens,
l’Administrateur Tallerie eut injustement gain de cause et la communauté mouride se vit contrainte
de lui payer la somme faramineuse de 250 000 francs comme dommages et intérêts pour dédit et
préjudice sur rupture de contrat. D’autres obstacles auxquels le chantier de la Mosquée eut
bientôt à faire face furent : l’acheminement du matériel de construction à Touba face à
l’inexistence de réseau de communication, la rareté des matériaux tels que la latérite dans cette
zone, la profondeur de la nappe phréatique (à plus de 25 m) posant de façon cruciale le
problème de l’eau etc. La découverte de la carrière de Ndock, à une dizaine de kilomètres au Sud
de Touba, permit de résoudre le problème de la latérite. L’engagement total de dizaine de milliers
de volontaires, le dévouement indescriptible de milliers de jeunes, femmes et adultes travaillant
plus de 18 heures par jour, transportant dans des paniers posés à même la tête ou sur charrettes
d’énormes blocs de pierres sur une dizaine de kilomètres, toute cette formidable énergie déployée
dans la sueur et dans le sang (car on ne compta pas alors les décès) accélèrent l’achèvement des
fondations et l’empierrement de la plate-forme de la future mosquée.
Pour résoudre le problème des voies de communication Cheikh Mouhamadou Moustapha
entreprit, malgré l’incrédulité des autorités publiques, le financement et la réalisation sur fonds
propres d’un tronçon d’une cinquantaine de kilomètres de voie ferrée qui allait relier Diourbel à
Touba via Mbacké à partir d’un embranchement du Dakar-Niger. Avec toujours la détermination
extraordinaire de milliers de disciples, des « Baye Fall » sous le commandement de leur Calife SerigneMoustapha Fall, fils aîné de Cheikh Ibrahima Fall, la durée de réalisation de cette initiative inédite
dans l’histoire pulvérisa toutes les prévisions et fut achevée en un an et quelques mois. Ce succès
éclatant accéléra de façon impressionnante l’unité et l’unanimité qui, déjà, faisait jour autour de sa
personne façonnant ainsi durablement l’organisation de la Mouridiyah après la disparition du
Cheikh.
Au point de vue économique, l’âme profondément paysanne de Cheikh Moustapha alliée à un
esprit d’entreprise et d’organisation élevé permirent à la communauté mouride de produire des
résultats agricoles considérables. Ainsi la production arachidière qui était estimée aux environs de
20 000 tonnes au début des années 30 passera en 1937/38 à 75 000 tonnes soit une progression
marginale de 275%. Le Chantier confié à la Société des DRAGAGES, il fut officiellement procédé à
la pose de la première pierre de la Mosquée le vendredi 4 mars 1932. Mais, malgré la célérité des
travaux, les années de peste meurtrière, la récession mondiale des années 30 se jugulant aux
perturbations de la seconde guerre ralentirent considérablement leur progression. Et c’est dans ce
contexte de profonde crise et de graves difficultés économiques que s’éteignit le vendredi 13 juillet
1945 (3 Sha’bân 1364 H) Cheikh Mouhamadou Moustapha confiant à ses suivants la perpétuation
de l’oeuvre colossale entreprise pendant plus de 18 ans. Mais s’il reste à jamais vrai que DIEU TRESHAUT
ne peut oublier la rétribution de ceux qui combattent « avec leurs biens et leurs personnes » sur
Son sentier, Mouhamadou Moustapha aura alors mérité son Agrément et son Election, la
Reconnaissance du Prophète de l’ISLAM (PSL) et celle de Khadimou Rassoul.
Mieux, tous ceux qui, aujourd’hui, se réclament du Serviteur du Prophète ou toute personne tenant
sincèrement au rayonnement de la Parole de DIEU TRES-HAUT sur terre doit une fière chandelle à
ce Digne Socle de l’Edifice de la Foi et de la Vertu…
source:admin (toubadaroukhoudoss.
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