Serigne Cheikh Mbacké Gaindé Fatma est né en 1912 à Tindody, fils ainé de Serigne Modou Moustapha Mbacke et de Sokhna Fatma Diop.
Il était un chef religieux qui a assumé tout au long de sa vie, avec la plénitude de sa dignité et de sa mission sacerdotale, sa fonction de chef spirituel pleinement engagé à la promotion de tous les aspects de la vie au Sénégal et en Afrique, Serigne Cheikh Mbacké a investi de son vivant, le prestige que lui confèrent son nom, sa naissance et sa fortune au profit des peuples sénégalais et africains.
Serigne Cheikh Gaïndé Fatma, qui a enseigné et mis en œuvre la doctrine Sociale du Mouridisme partout dans le monde, déclarait à Bombay (inde) en 1948 ;
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« … Faire de la communauté musulmane une entité homogène, apte à déjouer à tout instant les manœuvres insidieuses de ses ennemis » fin de citation.
C’est sur ce crédo qu’il a agi et nous a instruit de faire un bloc, réunir toutes les bonnes volontés pour une prise en charge globale et multiforme de la communauté mouride.
Serigne Cheikh Mbacké était visionnaire hors-pair et en avance sur son temps, il a pu tracer par la pensée comme par l’action les lignes de force d’un développement endogène au Sénégal. Il est triste de penser que parmi les grands hommes qui ont immortalisé leur nom dans les pages de notre histoire, le nombre de ceux qui ont influé sur sa prospérité est si compté… »
Serigne Cheikh Mbacké avait une surprenante convergence de vues sur la question nationale avec Cheikh Anta Diop et le Président Mamadou Dia avec qui il collaborait étroitement.
Sa contribution à l’essor économique
Dans le domaine économique et social, Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma, a balisé la voie à une race d’hommes d’affaires et de capitaines d’industrie qui ont fait leurs preuves au Sénégal et ailleurs. Ainsi, des hommes d’affaires comme Djily Mbaye lui doivent leurs trajectoires et leurs succès, Serigne Cheikh Mbacké a apporté une contribution inestimable à l’émergence et à la consolidation de ce qu’on peut considérer comme le secteur privé sénégalais.
Dès 1960 il conçoit trois grands projets pour le Sénégal, un projet d’exploitation minière, un d’exploitation pétrolière un projet de barrage sur le fleuve Sénégal.
Serigne Cheikh Mbacké a été un membre fondateur de la Sicap., il a initié et promu de nombreux projets dont des huileries à Mbacké et à Diourbel, l’exploitation des salins du Sine-Saloum ».
Serigne Cheikh Mbacké était un mécène d’une extrême générosité.il a donné au mécénat au Sénégal et en Afrique la plénitude de son sens et de sa noblesse. Son action pour la promotion de l’éducation, de la formation et la recherche est insoupçonnée. il a assuré un soutien aux travaux de beaucoup d’intellectuels sénégalais à commencer par Cheikh Anta Diop qui a reçu une aide consistante pour la publication de Nations nègres et culture, de Me Doudou Thiam, premier ministre des Affaires étrangères du président Léopold Sédar Senghor, Me Falilou Diop, ancien bâtonnier des avocats, etc.
Il a fondé en 1969 l’école française sur la ville sainte de Touba qui porte son nom aujourd’hui. L’école commence à voir ses fruits sur la chaine politique du Sénégal et sur les plus hautes estrades de la société.
Serigne Cheikh Gaïndé Fatma a financé la construction de 250 écoles franco - arabes fréquentées par 15027 élèves en 1978, date de sa disparition. Il a soutenu beaucoup d’étudiants arabisants qui sont devenus d’éminents islamologues de ce pays. Cette gigantesque œuvre lui a valu d’être promu Président d’honneur de l’Union culturelle musulmane (Ucm) ».
Son statut de Mbacké – Mbacké
« La reconnaissance de son rôle et de la place dans l’histoire du Sénégal du guide religieux ont été paradoxalement handicapés par son statut de chef spirituel et petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba, mais aussi par le mythe de sa longue opposition au président Senghor avec qui il avait des divergences profondes sur les choix et les orientations économiques du Sénégal nouvellement indépendant. C’est ainsi qu’il affirmait dans une correspondance datée du 10 Novembre 1960 : « Il serait vraiment dommage que l’effort des citoyens sénégalais qui désirent prendre des risques comme tout entrepreneur dans le domaine économique soit voué à l’échec du seul fait de la mauvaise volonté des capitalistes étrangers qui veulent coûte que coûte maintenir le Sénégal sous leur tutelle économique pour pouvoir continuer à l’exploiter exclusivement à leur propre profit ».
Cette phrase, résume « de façon saisissante le combat acharné qu’il a mené pour la promotion du secteur privé sénégalais à l’époque dans un contexte politique où des patriotes sénégalais étaient engagés dans la lutte contre l’impérialisme et le néocolonialisme ».